La poursuite et le châtiment des criminels de guerre faisaient partie des buts que les Alliés s'étaient fixés bien avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dès 1945, la répression fut organisée sur des bases communes par les autorités d'occupation en Allemagne, notamment en zone française où, de 1946 à 1954, plus de 2000 criminels de guerre furent jugés en application de la loi N° 10 du Conseil de contrôle. Une vingtaine de grands procès se sont ainsi déroulés à Rastatt, siège de la plus haute juridiction de la zone française. Ces procès présentent un intérêt à la fois historique et juridique. Ils apportent en effet une contribution appréciable à l'histoire de l'univers concentrationnaire et de précieux renseignements sur nombre de camps peu connus tels que ceux de Neue Bremm, de Hinzert et surtout sur le complexe des camps du Wurtemberg et du Neckar, dont ils ont eu pour ainsi dire l'exclusivité. L'étude de ces procès permet en outre d'apprécier le souci d'équité de la Justice française d'occupation, et l'originalité de ses instances judiciaires.